Acratopège est une horde plutôt qu’un chœur: ces chanteurs de tous âges (emmenant souvent après eux quelques mouflets aux yeux brillants) et de tout acabit –tel un peu hirsute, telle autre joliment délirante, celui-ci sarcastique, celle-là romantique, et tic et toc…-, ces bohèmes transhument en Romandie de maisons de retraites en fêtes de quartier, de petites églises en cantine de village, filant parfois à l’étranger.
Chaudement bariolé comme leurs habits, leur répertoire est –leur nom l’indique- puisé directement aux sources traditionnelles des peuples les plus divers entre Oural et Atlantique: sans partitions, cette tribu caméléonne emprunte son accent tour à tour au Sarde et au Finlandais, au Gruyérien comme à l’Irlandais et au Géorgien, avec un faible pour les communautés balkaniques (slaves, juives, tziganes…); ils sont toujours prêts, selon les circonstances, à vous susurrer une berceuse à l’oreille, à vous jacasser sous le nez une raillerie de matrones au puits, à vous gueuler une chanson à boire… Puis, sans transition, sur fond de silence, vous entendez monter un hymne de spiritualité sobre, avant d’être emporté de plus belle par un air de revendication sociale.
C’est qu’Acratopège est à l’étroit dans tous les corsets et fait craquer bien des coutures trop convenues; il aime semer un peu de trouble dans les andains helvétiques et folâtrer plutôt avec la mauvaise herbe du poète. Alors si le cœur vous en dit, venez en sa compagnie vous rincer l’oreille ou les cord